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La News du VÉGÉTAL#30

MAI 2024

| Alternatives culturales
Différentes Alternatives

Réussir le désherbage mécanique

Une solution pour la qualité de l’eau

 

Dans de nombreux secteurs de la région, les herbicides utilisés sur maïs (ou leurs métabolites) sont les contaminants majoritaires des cours d’eau. Par exemple dans le Grand Bassin Versant de la Vilaine (toute l’Ille-et-Vilaine sauf le tiers nord du département), le Métolachlore ESA est retrouvé dans 90% des analyses d’eau (voir Figure 1). 

Figure 1 : Détection de pesticides et métabolites dans les eaux du grand bassin versant de la Vilaine (représentant environ 2/3 du département de l’Ille-et-Vilaine).

Parfois la concentration de molécule dépasse ponctuellement les seuils de potabilisation (exemple de l’AMPA) ce qui rend impossible la production d’eau potable.

D’un autre côté, le désherbage mécanique se développe de plus en plus en culture de printemps, et cette technique est une vraie solution face à cette problématique, car elle permet de réduire les traitements herbicides notamment en début de cycle du maïs.

Voici les clés pour réussir le désherbage mécanique :

Choix de la parcelle :

  • Pour débuter en désherbage mécanique, choisir une parcelle avec une pression d’adventices faible à modérée ;
  • Privilégier une parcelle avec un précédent « nettoyant »: prairie, luzerne… ;
  • Éviter les parcelles vallonnées avec plusieurs pentes.

Travail du sol :

  • La gestion du désherbage débute par le travail du sol : privilégier un labour en bonnes conditions ;
  • Pratiquer un ou plusieurs faux semis avant implantation, c’est la première action de désherbage mécanique. Objectif : faire lever les adventices, en préparant le sol comme pour un semis, puis les détruire en retravaillant le sol. Veiller à toujours travailler du plus profond au moins profond (à toutes les étapes de préparation du sol) : ne pas redescendre en profondeur au risque de remonter de nouvelles graines d’adventices ;
  • Décaler la date de semis: plus un maïs sera semé tardivement, plus il sera vigoureux face aux adventices. En désherbage mécanique, il est important de créer une différence de stade de développement entre la culture et les adventices.

Au semis :

  • Augmenter la densité de 10% pour compenser les éventuelles pertes ;
  • Semer profond: 5 cm minimum pour le maïs, et bien rappuyer le sol ;
  • Veiller à avoir un bon nivellement du sol, éviter les sillons et buttes qui réduisent l’efficacité des outils en plein (herse étrille, houe, roto étrille) (voir Figure 3) ;
  • Limiter les mottes et résidus sur la surface ;
  • Anticiper les passages de bineuse :
    • Commencer par semer le milieu de la parcelle, en ligne droite, pour maximiser les trajectoires rectilignes et éviter les effets d’ondulation des bords de champ.
    • Ajuster la taille des outils : le semoir doit avoir le même nombre de rangs que la bineuse.

Figure 3 : Importance de bien niveler le sol lors d’intervention avec des outils en plein.

Stratégie d’intervention :

Pour le choix des outils, se référer au Tableau 1.

Tableau 1 : Choisir ses outils de désherbage mécanique.

Pour les stades d’intervention, voir la Figure 2.

Figure 2 : Intervenir au bon moment.

Pour la stratégie d’intervention, il est recommandé de combiner :

  • 1 ou 2 faux semis ;
  • Un passage d’outil en plein à l’aveugle (après semis et avant levée) ;
  • Un passage d’outil en plein après levée;
  • Un ou deux binages entre le stade 4 feuilles et le recouvrement du rang (ou rattrapage chimique au besoin).

Réussir chaque intervention :

  • Intervenir sur adventices jeunes (voir les stades adéquats dans le tableau) ;
  • Adapter ses outils au stade de la culture ;
  • Fenêtre météo de 24h sans pluie après l’intervention.
  • Attention le désherbage mécanique est peu efficace sur vivace développée, et à proscrire en cas de liseron développé (risque de multiplication par bouturage).

 

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à contacter votre technicien ou Jeanne Séronie-Doutriaux au 06 28 52 70 08

Produire du colza autrement

Comment produire du colza sans phyto ?

 

Il y a peu, alors que nous faisions des mesures dans une parcelle de colza bio, un collègue, habitué aux méthodes conventionnelles, s’étonnait de voir un colza « aussi beau et propre » sans avoir recours à la chimie. L’occasion de mettre en lumière les leviers mobilisés pour produire du colza autrement.

Itinéraire technique et clé de réussite du colza produit en agriculture biologique :

  • Avoir une rotation longue et diversifiée (exemple ici : mélange triticale/féverole (hiver), maïs grain, mélange triticale/pois (hiver), colza). Retour du colza tous les 5 à 6 ans.
  • Labourer avant implantation (important pour la gestion des adventices et pour faciliter l’enracinement du colza).
  • Implanter tôt (mi ou fin août) et en bonnes conditions pour une bonne vigueur de départ, du colza. L’objectif est d’avoir 4 feuilles au 20 septembre au moment des premiers vols d’altises.
  • Choisir une variété rustique, avec une bonne résistance aux maladies.
  • Associer une variété ultra précoce piège à méligèthe (type alicia ou Atrakt).
  • Semer une plante compagne en même temps que le colza, pour couvrir le sol et prendre la place des adventices : le sarrasin est un bon choix en bio, grâce à sa vitesse de démarrage, sa couverture du sol, et sa facilité de destruction par le gel. Les pailles de sarrasin continuent d’assurer une couverture au printemps (voir photo).
  • La densité de semis du colza est augmentée autour de 50 à 60 graines/m² pour compenser les pertes de pieds et assurer rapidement une bonne couverture du sol.
  • Apport de fumier avant semis.
  • Veiller à la fertilité de la parcelle : chaulage d’entretien quand nécessaire.
  • Un éventuel apport de soufre au printemps.
  • Le binage est également possible sur les premières semaines de la culture, mais cela implique des grands écartements et l’absence de plante compagne. Les résultats constatés sont similaires entre un colza biné et un colza semé en faible écartement avec un sarrasin. C’est cette solution plus simple qui est largement répandue dans la région.

Résultats attendus :

  • Objectif de rendement : 25 qx/ha
  • Coûts d’intrants : semences de colza + semences de sarrasin
  • Il n’est pas utile de donner des prix et des marges, surtout si on n’a pas de véritable cotation bio.

Indication des rendements dans la rotation :

– Exemple d’une parcelle en sol limoneux (avec 20% de sable, 15% d’argile) en zone relativement séchante : 80qx/ha en maïs, 50qx/ha en mélange céréale/légumineuse (proportion des deux espèces à la récolte variable selon l’année), 25 qx/ha en colza