La News du VÉGÉTAL#24
En Europe de l’Ouest, les dépressions et tempêtes se succèdent apportant des précipitations bien supérieures aux normales de saison. Au Brésil, le cœur du bassin de production qu’est le Mato Grosso reste sec et chaud. Les récoltes 2024 de blé, maïs et soja sont désormais sous vigilance, avec un focus particulier pour le soja, le Brésil étant le premier producteur mondial.
Les emblavements de soja en Amérique du Sud, et plus particulièrement au Brésil inquiètent de plus en plus les opérateurs de marchés. En effet, les agriculteurs du Mato Grosso peuvent semer depuis le début du mois de septembre, mais les pluies se font encore attendre. Les semis ne lèvent pas et pour conserver la sole initiale en soja et dépasser les 160 Mt de production, il faut que les agriculteurs sèment de nouveau. A contrario, dans le sud du pays, les dépressions se succèdent ralentissant le chargement portuaire des graines et tourteaux de soja à destination de l’Europe et de l’Asie.
Ce retard des emblavements de soja dans le centre du Brésil n’est pas sans conséquence sur les semis de maïs. En effet, la Safrinha soit littéralement la « petite récolte » représente désormais environ 75% de la production de maïs au Brésil. Elle succède les récoltes de soja, et est emblavée en deuxième culture dans certaines régions. Plus les semis de soja sont tardifs, plus la récolte est tardive et plus les semis de maïs sont compromis. La météo actuelle impacte donc directement les deux récoltes. C’est pourquoi une prime de risque météo renaît principalement dans les prix du soja et petit à petit dans ceux du maïs.
Les aléas climatiques concernent également le Vieux Continent. Depuis plusieurs semaines, les précipitations ne laissent pas de fenêtre météo aux agriculteurs de l’Europe de l’Ouest pour réaliser les emblavements de blé d’hiver, et surtout terminer les récoltes de maïs. Les semis de blé prennent du retard et le risque de voir une baisse de la sole emblavée augmente. En Europe de l’Est, les conditions sont meilleures, et même idéales en Pologne, Ukraine et Sud Russie. Les semis de blé d’hiver dans l’UE-27 pourraient être en retrait d’environ 1 Mha par rapport à l’année passée. À suivre.
Face à ces perturbations climatiques, conséquence très probable du phénomène El Niño, les marchés des matières premières temporisent et les fonds spéculatifs adaptent leurs positions. En effet, s’ils restent vendeurs de céréales, ils ont d’ores et déjà repris leurs achats de soja. La météo du mois de novembre est donc critique et conditionne les niveaux de prix de ces prochains mois. Les fondamentaux reviennent sur le devant de la scène et les fonds spéculatifs sont prêts à réinvestir dans les matières premières agricoles.