La News du VÉGÉTAL#05
AVRIL 2022
Ce mois-ci, vous trouverez 2 thématiques sur les céréales : l’apport raisonné d’un fongicide et la fertilisation.
Fongicide céréales 2022 : observé, compté et raisonné
Après un hiver déficitaire en eau sur la Bretagne et avec des cumuls de températures supérieurs à la médiane, encore accentué sur le mois de mars, nous nous retrouvons avec une année précoce.
Le stade repère Epi 1cm a été atteint en moyenne avec 8 jours d’avance par rapport à la médiane.
Ces conditions climatiques ont eu pour conséquence d’avoir une pression rouille jaune de modérée à forte selon les secteurs et bien sûr selon la sensibilité variétale. Comme tous les ans, nous avons un risque plus fort sur la bordure maritime que dans les terres, sur les variétés sensibles tel que Campesino, RGT Sacramento, Gravure, LG Absalon…
Pour rappel, la rouille jaune est la maladie la plus nuisible lorsqu’elle n’est pas maîtrisée à temps.
Côté septoriose, avant le stade 2 nœud le risque est nul, seules quelques parcelles ont atteint ce stade à la mi-avril. Le risque est donc faible lié à la météo et à la tolérance variétale.
Ceux sont donc les conditions climatiques à partir du stade 2 nœuds (au moment où la F2 définitive pointe) qui seront déterminantes pour que la maladie s’exprime.
Le pilotage d’une intervention sur la septoriose peut être réalisé à partir d’un Outil d’Aide à la Décision comme Xarvio.
Voici les seuils d’interventions pour la septoriose :
A partir du stade 2 nœuds, observer la F2 du moment sur une vingtaine de plantes (en ne comptant que les feuilles déployées). A partir du stade dernière feuille pointante, observer la F3 déployée du moment.
– pour les variétés sensibles : si plus de 20 % des feuilles observées présentent des taches de septoriose, il est nécessaire de réaliser un traitement avant les prochaines pluies.
– pour les variétés peu sensibles, le seuil est de 50 % de feuilles atteintes.
Le saviez-vous ?
Ce sont les 3 dernières feuilles qui contribuent au rendement final dans cet ordre F1=50%, F2= 35% et la F3 15%.
Schéma représentant les enjeux de la protection fongicide :
Ne pas confondre : Beaucoup de taches physiologiques ont été observés ces derniers jours liés au fortes amplitudes thermiques, mais sans conséquences pour le potentiel.
Pour l’orge d’hiver, la pression maladie au même titre que le blé est relativement faible, avec une vigilance sur l’helminthosporiose, la rouille naine et l’oïdium à raisonner selon la sensibilité variétale.
A retenir :
Bien connaître les sensibilités variétales aux différentes maladies de vos céréales permet de mieux anticiper le risque et d’éviter des interventions inutiles.
En fertilisation, la dernière ligne droite est cruciale
Le fractionnement pour le blé à la montaison se trouve confronté à la même situation. Seul un relevé météo local peut révéler l’efficacité de l’apport mais il n’est pas rare que certains apports au-delà du 15 mars n’aient pas été disponibles à la hauteur de la dose épandue. La période sans pluie et les gels à répétition n’ont pas été sans une perte d’unités sous forme de volatilisation.
Comment appréhender son dernier apport ?
La connaissance de ses parcelles, la technologie de l’imagerie satellite et le disponible engrais seront complémentaires pour appréhender la stratégie au dernier apport. Pour rappel, un dernier apport à la dernière feuille permet (à dose équivalente) un gain de 2 à 3 qx et + 0,2 à + 0,3 % de protéines. La mesure de l’INN (indice de nutrition azotée) par satellite détermine la dose que le blé est en mesure de valoriser. Parce qu’il est lié à la biomasse, révélatrice de la matière sèche, et à l’azote déjà absorbé, son évaluation est déterminante pour ajuster l’apport. Certes la carte vous invitera à mettre plus en zone forte et moins en zone creuse mais son intérêt est avant tout de connaître la dose moyenne pour n’apporter que ce qu’il est nécessaire. Au vue de la disponibilité et du prix de l’engrais, l’enjeu est par conséquent majeur. Dans tous les cas de figure, la planification de l’intervention devra prendre en compte une pluviométrie conséquente à venir du stade dernière feuille pointante et à celui de gonflement.
Pour le maïs, les épandages organiques sont en cours voire même terminés. Pour, ceux qui les ont décalés pour se rapprocher de la date de semis devraient récolter plus de rendement et de valeur alimentaire. Les reliquats dans le sol et le relargage liés de la destruction des CIPAN couvrent les faibles besoins de début de cycle (2% des besoins totaux). La fourchette 8 feuilles à floraison est celle qui a besoin de trouver le plus d’éléments nutritifs, or les épandages au-delà de la quinzaine avant le semis ne le permettent pas. Si la pratique est encore trop peu appliquée, un apport au stade 6 feuilles suivi d’un enfouissement (binage) offre des résultats conséquents en rendement mais surtout en valeur alimentaire. Mesuré en essais, le seul binage sans même d’apport en végétation permet un gain non négligeable. Outre son intérêt de désherbage/buttage, il décompacte le sol et réactive alors la minéralisation.