La News du VÉGÉTAL#34
SEPTEMBRE 2024
En pleines moissons estivales, la baisse des cours des céréales s’explique principalement par l’absence de la demande mondiale. Décryptage.
Après une fin de printemps propice au rehaussement des productions de blé chez les principaux pays producteurs, les moissons estivales ont parfois déçu. C’est principalement le cas en Europe et tout particulièrement en France. La récolte de blé français en 2024 se révèle être proche des 25 Mt, soit une des plus faibles moissons de ces 40 dernières années. Quelques pays revoient également leur copie à la baisse, comme le Canada. Face à cette offre qui se contracte légèrement post moisson, il ne faut pas oublier d’étudier la dynamique de consommation. Le commercial mondial du blé cet été est inférieur de -17% à celui de l’an passé. Les grands pays importateurs ne sont pas aux achats, comme en témoignent les faibles volumes contractualisés par l’Égypte ces dernières semaines.
Chez les grands pays importateurs, la Chine est aux « abonnés absents » sur presque l’intégralité des commodités agricoles. Le gouvernement chinois aurait même demandé aux entreprises publiques de réduire leurs importations sur les prochains mois. L’absence d’achats de ce mastodonte apporte de la pression baissière au marché du maïs qui voit semaine après semaine son potentiel de production s’amenuiser pour la campagne 24/25. Premièrement, le ProFarmer Tour aux USA fin août estime un rendement inférieur à celui de l’USDA. La production nord-américaine pourrait donc être 4 à 5 Mt inférieure aux estimations actuelles. Deuxièmement, les rendements des pays producteurs de la mer Noire sont mis à rude épreuve avec une nouvelle vague de chaleur en cette fin du mois d’août. Troisièmement, la consommation de maïs au Brésil pour la production d’éthanol ne cesse de croître. Chaque mois, ce sont des volumes records qui sont utilisés par l’éthanolerie brésilienne. Ce dynamisme des biocarburants réduit le disponible exportable du Brésil et laisse plus de place au géant américain sur la scène internationale. Enfin, les analystes locaux estiment que les surfaces de maïs en Argentine seront en retrait de -17% pour les récoltes 2025.
Du côté des oléagineux, les récoltes sont décevantes en Europe et la rétention est de mise pour les agriculteurs qui le peuvent. Pourtant, avec un stock de campagne 23/24 confortable, la trituration européenne a pu écraser au mois de juillet 1,7 Mt de graines, un record. La récolte canadienne devrait être correcte : les données terrain sont encore trop peu nombreuses pour statuer. Ce qui est sûr c’est que compte tenu de la petitesse de la récolte UE et de l’écart de prix entre le marché européen et canadien, des imports de canola canadiens seront nécessaires pour équilibrer le bilan européen. Enfin, côté soja, le ProFarmer Tour estime que le rendement des sojas US sera exceptionnel, au-dessus même de la prévision optimiste de l’USDA. Face à une récolte de soja attendue entre 125 et 130 Mt, les USA ont un beau programme exports devant eux. Quelques affaires notables ont été relevées récemment, après des semaines sans activité.
Au-delà des fondamentaux, la géopolitique revient sur le devant de la scène avec des bombardements sur plusieurs régions ukrainiennes et russes. Des frappes se sont produites à proximité immédiate de terminaux portuaires et rappelle aux opérateurs la fragilité de la situation dans cette région du Monde. Enfin, les fonds spéculatifs restent nets vendeurs de matières premières agricoles. Leur comportement sur les marchés est donc à surveiller de près. La rentrée 2024 s’annonce riche en informations et un retour de la volatilité n’est pas à exclure.