La News du VÉGÉTAL#32
JUILLET AOÛT 2024
La volte-face des prix des céréales au mois de juin prend à contrepied les analystes agricoles
Alors que le mois de mai s’achevait sur une performance haussière, juin clôture en baisse. Les prix des céréales européennes reviennent sur leurs prix de début mai. C’est donc un retour à la case départ avec une amplitude de prix de 30 €/t pour le maïs européen et de 45 €/t pour le blé.
En Russie, les précipitations sont arrivées au mois de juin mettant fin au scénario catastrophe d’une production russe qui chutait jour après jour. La production de blé russe est maintenant révisée à la hausse de 2 à 3 Mt, portant son potentiel à 82-83 Mt. Les perspectives de récoltes aux USA sont également rehaussées à plus de 50 Mt, entraînant une reconstitution des stocks pour la 3ème année consécutive en Amérique du Nord. Dans le même temps, les premiers échos des rendements européens des céréales à paille inquiètent les opérateurs : ils ne sont pas bons. Sont-ils représentatifs ? Ont-ils un potentiel d’amélioration ? Malgré des estimations de productions révisées à la hausse, le bilan mondial de blé pour la campagne 2024/2025 restera déficitaire : la demande devrait être supérieure à la production.
Du côté du maïs mondial, l’offre ne cesse de croître aux USA avec une estimation des surfaces US en hausse de 1,5 million d’acres. Les notations cultures des maïs nord-américains restent très bonnes avec 67 % de plants « bons à excellents », contre 51% l’année dernière à la même date. Les attentes du marché sont élevées. Toute météo adverse cet été, principalement sur la 2ème quinzaine de juillet au moment de la floraison/pollinisation des plants des grandes plaines US, sera vectrice de volatilité. Les yeux des opérateurs se posent également sur le continent européen. En Europe de l’Ouest, les semis ont été très tardifs, mettant en cause le rendement. En Europe centrale, les voyants sont plutôt au vert alors que sur le pourtour du bassin de la mer Noire, un temps sec et chaud s’installe. Les récoltes de maïs ukrainiens devraient être impactées par cette météo. Le mois de juillet sera donc déterminant pour l’offre de maïs de l’hémisphère nord.
Du côté des oléagineux, les premiers échos européens inquiètent. C’est d’ailleurs sur ces informations de premiers rendements, poids de mille grains et de teneur en huile que les cours de la graine de colza sur le marché parisien rebondissent. Si la déception est de mise en France, en sera-t-il de même chez nos voisins européens ? Le soja nord-américain bénéficie actuellement des mêmes conditions climatiques que le maïs. Les notations cultures sont donc très satisfaisantes avec 67 % de plants « bons à excellents » contre 50 % l’année dernière. L’offre de soja mondiale apparaît excédentaire à date avec une production US attendue autour des 120 Mt, et une demande chinoise en berne depuis plusieurs mois maintenant.
Si le rallye haussier du mois de mai apparaît aujourd’hui comme « un feu de paille », les opérateurs de marchés restent vigilants. Les bilans de l’offre et de la demande des principales matières premières agricoles sont hétérogènes : soit ils sont excédentaires, soit ils sont déficitaires. Le marché est donc tiraillé entre des situations opposées qui impliquent des évolutions prix différentes. L’été sera donc crucial pour les récoltes de blé, maïs, colza, tournesol et soja de l’hémisphère nord.