La News du VÉGÉTAL#27
FÉVRIER 2024
Fertilisation des céréales : ajustez la dose aux besoins de la culture
Cet automne atypique est à associer aux difficultés d’implantation des céréales, aux levées hétérogènes, aux parcelles noyées… Cette période de semis très étalée n’est pas sans nous rappeler les automnes 2020 et 2021. La pluviométrie excessive des derniers mois devra nous inciter à adapter notre réflexion concernant la fertilisation des céréales.
À ce jour, nous observons une grande disparité entre les parcelles en termes de stades, d’implantations, d’enracinements et de ressuyages. Nous pouvons déjà conclure que les besoins, la disponibilité en azote et la capacité d’absorption de la céréale seront différents. Plus que jamais, il faudra s’adapter et apporter la bonne dose au bon moment.
Même si à ce jour nous n’avons pas les retours de mesure de reliquats d’azote en sortie d’hiver (RSH), il est fort probable que ces valeurs soient plus faibles cette année. Les fortes pluviométries de l’hiver auront accentué le lessivage de l’azote et de certains éléments du sol (soufre…). Là où le potentiel de rendement est impacté par les conditions hivernales, il faudra parfois revoir le prévisionnel à la baisse.
Règle d’or, seules les plantes en situation poussantes auront la capacité d’absorber et de valoriser les apports d’azote. Il sera donc impératif d’attendre pour réaliser les apports dans de bonnes conditions. Point crucial également pour une bonne valorisation des éléments : 15 à 20 mm de précipitations dans les 10 à 15 jours suivant l’apport d’azote (organique comme minéral).
Pour les semis tardifs, les parcelles hydromorphes, celles ayant un faible développement et celles ayant un mauvais enracinement, un apport précoce sera à réaliser au tallage, dès que les conditions le permettront. Les enracinements plus faibles ne permettront pas d’absorber de grandes quantités. Il conviendra donc de limiter ce premier apport à 30 /40 Kg N/ha. Inutile d’apporter plus, il sera plus judicieux de fractionner les apports sur ces parcelles en encadrant par la suite le stade épi 1 cm. De plus, la capacité d’absorption de l’azote augmente proportionnellement avec la croissance de la plante.
Pour les parcelles semées plus tôt, bien développées, bien enracinées et déjà bien tallées, il faut surveiller l’évolution de la bande double densité. Il s’agit du meilleur indicateur visuel pour décider ou non de réaliser un apport au tallage. À ce jour, ces bandes double densité nous indiquent que l’azote dans le sol suffit à couvrir les faibles besoins des céréales. Des impasses seront éventuellement possibles au stade de tallage sur ces parcelles. Si tel est le cas, alors reportez votre apport et la dose à l’approche de stade épi 1 cm.
Comment savoir combien apporter sur nos parcelles ? Comment raisonner les doses à apporter ? Autant de questions auxquelles la réponse devra être adaptée à chaque situation. Pour répondre à ces questions, deux leviers existent :
– optimiser la fertilisation et votre marge par hectare ;
– allier à la fois rendement et protéines.
Notre OAD Wanaka vous aidera à piloter et moduler vos apports. Plus que jamais cette année, la modulation manuelle ou automatique sera d’une grande importance sur les parcelles avec de tels écarts de stades et de végétation (biomasse).
N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre Technicien Productions Végétales (TPV)
La carence en manganèse
Les céréales sont les cultures les plus sensibles au phénomène de carence en manganèse et particulièrement l’orge. Le manganèse agit dans la synthèse de la chlorophylle et est nécessaire à la photosynthèse. Cet élément entre également dans le processus d’absorption de l’azote. L’observation du port de la plante permet de constater les symptômes et d’intervenir le cas échéant. Il est important d’agir rapidement, car l’impact sur le rendement peut être important allant jusqu’à la destruction totale de la plante. La période de sensibilité la plus fréquente est de tallage à début montaison. Les conditions automnales pluvieuses doivent théoriquement réduire le risque de carence cette année, du fait du tassement de sol. Malgré tout, de nombreux cas sont déjà répertoriés.
Reconnaitre cette carence
Vous retrouverez sur la parcelle de grandes taches irrégulières de couleur verte à jaune pâle avec des plantes qui dépérissent et ont un port affaissé. La carence se caractérise par un dessèchement et un blanchiment aligné entre les nervures, surtout sur la courbure de la feuille avec de longues bandes et petites taches se rejoignant. La feuille se courbe voire se plie en son milieu. Ce sont les vieilles feuilles qui sont les premières touchées et selon l’amplitude du phénomène les premières entièrement desséchées.
Un indicateur important permet de confirmer cette carence. Les endroits tassés et les passages de roues sont souvent visibles, la végétation y est plus verte. En effet le tassement du sol permet de limiter les difficultés d’absorption pour les plantes et réduit le phénomène.
Solution et mode d’action
Pour les parcelles dont on connaît le risque important du fait de son historique et de la nature du sol, il sera judicieux d’intervenir en préventif. Un apport foliaire sera réalisé et renouvelé si besoin. La carence en manganèse est présente en particulier dans les terres légères (soufflées, aérées) et en sol alcalin riche en humus.
Afin de prévenir ou de corriger ces carences, les apports foliaires de manganèse, s’ils sont réalisés tôt, sont très efficaces (fixa Mn 3L/Ha). En situation de carence importante, il est préférable de fractionner les apports.
Fertilisation des prairies, quand réaliser le premier apport ?
L’évolution climatique et la hausse générale des températures engendrent un changement de comportement des végétaux. Le raisonnement en termes de fertilisation des prairies reste cependant le même.
La règle des 200°C jours pour le premier apport d’azote !
Dans le cas des prairies, il n’existe pas de stade physiologique repère pour déclencher le premier apport de fertilisant. A la sortie de l’hiver, la fertilisation azotée doit permettre d’assurer une alimentation suffisante des plantes depuis le démarrage de la végétation jusqu’au premier cycle de croissance en fauche ou en pâture.
Il est important de ne surtout pas rater la sortie d’hiver pour produire beaucoup et de la qualité dès le premier cycle.
Pour estimer la date optimale d’apport d’azote, il est recommandé d’utiliser la somme de température de 200°C en base 0°C depuis le 1er janvier de l’année. Ce critère présente l’avantage de prendre en compte la localisation et le contexte climatique de l’année.
L’outil météo Sencrop et la précision du maillage de notre réseau vous permettront un accès détaillé à ce cumul de températures (en lien avec Arvalis).
En effet, Arvalis – Institut du végétal a mis à disposition un outil accessible sur internet (Date’Nprairie) qui vous permettra également de déterminer cette date prévisionnelle.
Estimation réalisée : (Cumul de T°C du 1er janvier au 1er février pour 2022 2023 et 29 janvier pour 2024)
Les températures des jours à venir viendront compléter ce cumul. À ce jour, la date estimée du premier apport se révèle être dans la moyenne des 5 dernières années. La somme des 200°C sera atteinte sur toute la région à des dates quasi similaires autour du 1er février avec un gradient ouest-est. Les derniers jours de janvier pour le Trégor et plutôt le 2 à 3 février pour l’Ille-et-Vilaine.
Malgré les ressentis et les sentiments que nous pourrions avoir à la vue de la douceur météo, ces cumuls de température nous révèlent les écarts probants à la même date selon les années ; ainsi que les disparités selon les secteurs géographiques.
Pour réaliser ces cumuls sur votre application : sélectionner menu dans la barre des tâches de votre application puis cumul /Ajouter/…
Des questions ? Nous sommes à votre disposition.
Rapprochez-vous de votre conseiller.
C’est en fin d’hiver et début du printemps que les apports azotés sous forme minérale sont le mieux valorisés, car le sol n’est pas encore réchauffé et la minéralisation de la matière organique ne s’opère pas correctement à ce stade.
La présence de légumineuse ne traduit pas une impasse de fertilisation, il est possible d’apporter entre 20 et 40 Unités afin de booster la production et la qualité de la première récolte. Pour rappel, attention à l’aspect réglementaire, pas d’apport autorisé avant le 1er février.
Pour plus de renseignements, n’hésitez pas à contacter votre Technicien Productions Végétales.