La News du VÉGÉTAL#27
FÉVRIER 2024
Températures : Un mois contrasté !
Les mois se suivent et semblent se ressembler : janvier 2024 vient s’ajouter aux 23 mois consécutifs enregistrés sans anomalies mensuelles négatives en France. En effet, cela fait maintenant 2 ans que les moyennes mensuelles de température n’ont pas basculé en dessous des normales de saison.
Pourtant, du 10 au 20 janvier 2024, les températures ont été en moyenne 3°C sous les normales en France. Cependant, les premiers jours et les derniers jours du mois de janvier ont été marqués par une douceur exceptionnelle avec +°5°C par rapport aux moyennes enregistrées sur les 30 dernières années. Cela aboutit donc à un rééquilibrage, et donc un excédent thermique mesuré sur janvier.
La carte ci-dessous reprend les températures moyennes par zone :
Des pluies importantes :
Les précipitations ont été abondantes de la Basse-Normandie à la Bretagne. Les cumuls mensuels ont été globalement excédentaires de 10 à 50 % sur ces régions.
Cette forte pluviométrie profite au rechargement des nappes souterraines. 56% des niveaux sont au-dessus des normales mensuelles. Ce début de recharge hivernale permet d’espérer des niveaux satisfaisants en sortie d’hiver sur une grande partie du territoire. Cependant, en cas de précipitations insuffisantes sur les prochains mois, la vidange pourrait reprendre et l’état des nappes se dégrader rapidement sur les nappes réactives et lentement sur les nappes inertielles.
La carte ci-dessous reprend la pluviométrie moyenne par zone :
Un ensoleillement supérieur aux références
Le mois de janvier a été bien ensoleillé sur l’intégralité de notre territoire. Toutes les stations ont enregistré un excédent par rapport à la norme 1991-2020.
Rennes totalise 102 heures, soit 50% de plus qu’au cours d’un mois de janvier classique.
Pour la capitale bretonne, il s’agit là d’un nouveau record mensuel depuis 1991 (année de référence depuis le début des mesures d’ensoleillement avec des capteurs électroniques). Le précédent record datait de janvier 2003 (98.8h).
La carte ci-dessous reprend l’ensoleillement moyen par zone :
Quels impacts sur les cultures en place ?
La forte pluviométrie constatée durant ce mois de janvier vient amplifier le phénomène de saturation en eau des sols qui était observé à la fin de l’année 2023.
Cette saturation en eau a pour conséquence une forte mobilité des éléments chimiques solubles dans l’eau, et donc une possible migration de ces éléments en profondeur ou à l’extérieur des parcelles. C’est notamment le cas de l’azote ou du soufre :
- Les reliquats d’azote minéral en sortie d’hiver seront probablement faibles cette année sur les secteurs très arrosés et dans les sols filtrants.
- Le soufre est également sensible à la lixiviation. Dans les situations les plus à risque (sols superficiels, filtrants, pauvres en matière organique et sans apports réguliers de produits organiques), il est possible d’observer une migration du soufre au cours de l’hiver.
La lixiviation des éléments ne concerne pas le phosphore. Ce dernier n’est en effet pas soluble dans l’eau.
Les excès d’eau enregistrés cet hiver peuvent également avoir pour conséquences un enracinement et un peuplement qui peuvent être impactés. Mais les conséquences sur le rendement sont très difficiles à chiffrer et dépendront fortement de la météo à venir, des compensations comme des dégradations étant possibles.
Pour les céréales, les semis tardifs et l’impact de l’excès d’eau décalent le cycle des cultures, avec un retard observé sur les dates calendaires habituelles, au moins sur le début de cycle. Il est particulièrement important cette année de piloter les apports d’azote en fonction du stade des cultures et de la météo annoncée, et non sur des dates d’apport calendaires habituelles. L’utilisation d’un outil de pilotage de l’azote peut s’avérer être un vrai plus cette année. (Cf Article Fertilisation des céréales). Concernant le soufre, dans les céréales notamment, un apport un apport de 30 à 50 kg de SO3/ha peut être justifié selon le potentiel de rendement.
Les températures douces observées en moyenne sur ces derniers mois et l’ensoleillement important, et notamment sur les derniers jours du mois de janvier, peuvent à l’inverse avoir un effet de reprise précoce de la végétation. Cette reprise de végétation peut ainsi entraîner une consommation précoce des éléments nutritifs. Il faudra donc veiller à la disponibilité de ces derniers pour les cultures dans les parcelles concernées. Ces cultures en végétation seront d’autant plus sensibles à un épisode de gel tardif sur la fin de l’hiver ou le début du printemps.
Enfin, les quelques jours de gel observés entre le 10 et le 20 janvier ont permis, dans certains secteurs, une destruction de quelques couverts intermédiaires, économisant ainsi une destruction mécanisée pour l’implantation des cultures de printemps.
Les prévisions de ces prochains jours annoncent l’arrivée d’une perturbation, ce qui pourra compromettre les premiers apports d’azote sur les céréales ou épandages d’effluents sur les prairies. Conséquences à suivre dans le prochain numéro…