2023 aura été placée sous le signe de la baisse, tant sur les marchés des céréales que des oléo protéagineux, conséquence d’une réduction majeure de la prime de risque géopolitique en mer Noire et de bonnes récoltes à travers le monde.

Même si le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine se poursuit toujours, les exportations de produits agricoles par voie maritime s’accélèrent depuis la fin du corridor, l’été dernier. Les volumes commercialisés au départ des ports en eaux profondes ont atteint les 5 Mt au mois de décembre dernier, alors qu’ils étaient inexistants en août-septembre 2023. La prime de risque géopolitique, intégrée aux prix des céréales, a progressivement décliné, laissant place aux fondamentaux. Si les récoltes de céréales à paille ont tenu leurs promesses, mais sans plus, les récoltes de maïs à l’automne dernier sont venues massivement accroître l’offre de céréales et reconstituer les stocks mondiaux. La baisse des cours a été appuyée par les ventes massives des fonds spéculatifs qui sont aujourd’hui nets vendeurs.

La dynamique de baisse du colza est moindre que pour les céréales. En effet, les marchés ont marqué le pas sur le deuxième semestre 2023. Si l’offre de colza est massive, notamment en Europe, la rétention des agriculteurs est forte et le cap des 400 €/t sur Euronext agit comme un fort support. De plus, les conditions climatiques adverses au Brésil à l’automne dernier a soutenu les cours des oléo protéagineux.

En ce début d’année 2024, l’actualité agricole se concentre sur le continent américain. En effet, les récoltes de maïs sont à venir, tant au Brésil qu’en Argentine. Si tout va bien, pour le moment, El Niño est toujours présent et peut, à tout moment, affecter la météo. Ce phénomène climatique est néanmoins en cours d’atténuation, ce qui est de bon augure pour les récoltes nord-américaines cet été. Aux USA, les traditionnelles discussions autour de la sole emblavée débutent. À date, le ratio de prix entre le maïs et le soja donne l’avantage au soja. Pour les agriculteurs indécis, il reste encore 2 mois avant la période des semis de printemps.

Enfin, au-delà des fondamentaux, il est important de se remémorer que les marchés des matières premières agricoles sont en lien direct avec la géopolitique mondiale. Si la guerre en Ukraine reste un élément crucial pour les évolutions de prix des céréales, il est important de souligner que des présidentielles se dérouleront dans 76 pays et impacteront 51% de la population mondiale. Le risque géopolitique sera donc omniprésent en 2024 sur les marchés des matières premières agricoles.