La série n’en finit plus. Malgré un ressenti un peu biaisé par les conditions humides (voir plus bas), novembre 2023 a été un nouveau mois de douceur, avec un excédent thermique allant de 0,5°C dans le Finistère à 1,1°C en Ille-et-Vilaine (gradient positif ouest-est ; +0,6°C dans la Manche). À l’échelle nationale, il s’agit du 22^e mois consécutif sans repasser sous les moyennes de saison, série inédite dans l’histoire climatique française. 

La carte ci-dessous reprend les températures moyennes par zone :

Il s’agit probablement du fait le plus notable de ce mois de novembre : la pluie !

Après une fin de mois d’octobre déjà très arrosée, la tendance s’est poursuivie les semaines suivantes, portant un excédent très notable de +51 % à l’échelle nationale. Le grand ouest n’est pas épargné avec + 100 à +116 % en Basse-Normandie, +30 % en Ille-et-Vilaine, +23 % en Côtes-d’Armor, +56 % dans le Morbihan et +55 % dans le Finistère. Avec 243 mm en moyenne sur le pays du 18 octobre au 18 novembre, il s’agit de la séquence la plus arrosée jamais mesurée en France (devançant les 203 mm du 20 septembre au 17 octobre 1993).

La carte ci-dessous reprend les précipitations mensuelles par zone :

En point d’orgue, le passage de plusieurs tempêtes et coups de vents : Domingos le 4 novembre, Frederico le 16 novembre mais surtout la tempête Ciaran le 2 novembre dans le Nord-Ouest et plus principalement en Bretagne, accompagnée de vents catastrophiques (207 km/h sur la pointe du Raz). Cette dernière a occasionné des dégâts majeurs sur notre région, provoquant deux morts, privant d’électricité plus d’un million de foyers (pour certains durant plus d’une dizaine de jours) et ayant pour conséquence de nombreux dégâts sur les maïs non récoltés sur certains secteurs du Trégor notamment, sur les bâtiments agricoles… Groupama Loire Bretagne enregistre 5 000 déclarations pour un coût d’environ 150 millions d’euros (M€). Dans la Manche, ce sont plus de 2 250 dossiers ouverts depuis le passage des tempêtes, pour un coût estimé à 11 M€.

La carte ci-dessous présente les rafales maximales mesurées lors de la tempête Ciaran :

Au-delà des conséquences de la tempête sur les récoltes de maïs sur certains secteurs, les fortes précipitations cumulées aux réserves importantes que nous avions déjà au 1^er novembre ont pour conséquence une saturation en eau des sols.

Les conditions de semis n’ont donc pas été au rendez-vous en novembre et nombreux sont ceux qui prennent du retard sur le sujet voire envisagent de passer sur des cultures de printemps. Les parcelles avec des sols battants sont toujours à ce jour gorgées d’eau, voire inondées à plusieurs endroits induisant de gros soucis de levée. Les fortes pluies ont également eu pour conséquence quelques soucis de phytotoxicité sur certaines parcelles.

Malgré le retard de semis, pas besoin de modifier ses variétés pour des semis jusque mi-décembre. A partir de fin novembre, il faut augmenter les densités pour sécuriser le peuplement, notamment en sols plus compliqués (hydromorphes, battants…).

Les essais de 2011-2014 nous montrent que la perte de potentiel entre un semis fin octobre et fin novembre début décembre reste minime. Le climat breton est avantageux sur ce point en comparaison à d’autres régions davantage pénalisées par ces retards (fin de cycle plus exposé aux stress climatiques).

Pour des soucis importants de levée, avant de défaire une culture, il convient de réaliser un comptage. Si vous observez plus de 150 plants/m² homogène sur la parcelle, nous conseillons de conserver les céréales en. En effet, les essais menés par Arvalis nous rapportent les résultats suivants :

Enfin, l’humidité favorisant les limaces, il convient de rester vigilant sur ce ravageur jusqu’au stade 3-4 feuilles