La News du VÉGÉTAL#17
On entend de plus en plus parler du carbone, notamment en agriculture. Petit point de situation à date pour les grandes cultures.
Suite à l’accord de Paris de 2015, regroupant plus de 195 pays signataires s’engageant pour l’atténuation du réchauffement climatique, la France définit en 2016 sa Stratégie Nationale Bas Carbone pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cette stratégie s’appuie sur l’ensemble des secteurs économiques pour la réduction les émissions de gaz à effet de serre, et notamment sur l’agriculture, activité en mesure de diminuer son empreinte carbone à la fois par la réduction des émissions, mais aussi par l’augmentation du stockage de carbone dans les sols.
Pour ce faire, la France incite le développement du marché volontaire du carbone, permettant à des entreprises d’acheter ou de vendre librement des « Crédits Carbone », sur une base volontaire : il n’y a pas d’obligation pour le secteur agricole à date. Ces crédits carbones sont exprimés en « tonne équivalent CO2 » (teqCO2), unité unique permettant de regrouper l’ensemble des gaz à effet de serre de manière comparable (CO2, méthane, protoxyde d’azote…). Afin de cadrer ces échanges, la France crée le ‘Label Bas Carbone’, référentiel national définissant les règles de calcul des bilans carbone pour ces échanges.
Ainsi plusieurs méthodes sont reconnues par l’État pour le Label Bas Carbone. En agriculture, il y en a pour la sylviculture, les vergers, les haies et l’élevage bovin. Il y en a également une pour les Grandes Cultures, développée par Arvalis, Terres Inovia et InVivo Agrosolutions. Une méthode pour l’élevage avicole et une pour l’élevage porcin sont en cours de conception.
Ces méthodes correspondent au cadre général, au cahier des charges de la démarche. Ensuite, plusieurs outils ont été conçus par différentes entreprises (instituts techniques, start-up…), pour appliquer la méthode et initier potentiellement un contrat de vente de crédit carbone. Différentes étapes se succèdent : réaliser un diagnostic (bilan carbone) d’exploitation, faire des simulations de mise en place de différents leviers (au choix) pour améliorer le bilan carbone de l’exploitation, établir ainsi un plan d’action sur cinq ans, et signer un contrat de vente de crédit carbone si on le souhaite. Ensuite, un suivi est réalisé chaque année pour calculer les crédits carbones réellement générés et percevoir la rémunération en fonction.
Pour les Grandes Cultures, nous nous sommes penchés sur cinq outils (Rize AG, CarbonFarm, CAP2ER, CarbonExtract et MyEasy Carbon), l’idée étant de les comparer pour évaluer leur adéquation avec les systèmes de production de notre territoire, leur coût économique, le potentiel de génération de crédit carbone, et donc la rémunération potentielle. Les leviers d’action principaux pour améliorer le bilan carbone d’une exploitation et donc générer des crédits carbone sont : la réduction de la fertilisation (limiter les apports, utiliser des cultures à faible besoin (sarrasin, légumineuses…)), l’augmentation de la biomasse des couverts végétaux (surface et durée d’implantation, biomasse), l’augmentation de la surface en prairie, la réduction du travail du sol, et le fait de remplacer une partie de la fertilisation minérale par de la fertilisation organique (en particulier du fumier riche en carbone qui vient alimenter le stockage par les organismes du sol). À date, nous pouvons estimer le potentiel à 0,5 à 1 crédit carbone par hectare et par an, pour une rémunération d’environ 30€ par crédit, soit une recette d’environ 30€/ha/an au maximum. À cela il faut soustraire le coût du diagnostic de départ (pour lequel il n’y a pas de subvention à date en grandes cultures, contrairement à la production laitière par exemple) ainsi que les frais administratifs de suivi de dossier (coût variable selon les outils). De nouveaux éléments pourront rebattre les cartes cet été, à la fois en terme d’évolution réglementaire et de variation du prix du carbone, affaire à suivre donc !
Si vous êtes intéressé par cette démarche, n’hésitez pas à contacter votre technicien
ou Jeanne Séronie-Doutriaux au 06 28 52 70 08.