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La News du VÉGÉTAL#04

MARS 2022

#04 | Travaux de saison
Les travaux des champs au rythme des saisons
Retrouvez nos 4 articles : Régulation des céréales – Réussir son semis du maïs – Désherbage de rattrapage des céréales – Point sur la fertilisation.

Régulation des céréales un raisonnement multicritère

La régulation des céréales est une pratique connue et maîtrisée depuis de nombreuses années. Elle tend à diminuer avec le progrès génétique. Cependant, derrière les habitudes se cache une prise en compte de différents paramètres techniques pour mesurer le « risque de verse » de la culture.
Les enjeux de la verse sont :
– la perte de rendement, de quelques quintaux jusqu’à plus de 30 quintaux/ha selon l’intensité et la date où elle intervient, elle impacte directement le PMG (Poids de Mille Grains) ;
– la qualité à travers les critères que sont le PS (Poids Spécifique) et le taux de protéines, ainsi qu’un risque de germination sur pieds et des travaux de récolte directement impactés.
Le raisonnement de la régulation doit prendre en compte les éléments propres à l’itinéraire de la culture, le choix variétal, la date de semis, la densité de semis, la disponibilité de l’azote et la dose d’apport d’azote au tallage.
C’est bien sûr la combinaison de tous ces facteurs qui déterminera l’application d’un régulateur de croissance ou non, avec en priorité la sensibilité variétale. Afin d’évaluer le risque de verse physiologique, Arvalis propose une grille d’évaluation comme celle ci-dessous pour le blé tendre.
 Tableau 1 : grille d’évaluation du risque verse sur blé tendre
(source ARVALIS)

Une fois le risque évalué, les conditions d’application d’un régulateur sont primordiales pour une bonne efficacité et éviter un effet dépressif. En effet, pour avoir des conditions optimales, il faut le jour de l’intervention et les jours qui suivent, une température moyenne de 10-12°C et l’absence de gel (voir tableau ci-dessous).

 

Le saviez-vous ?  Le comportement des céréales vis-à-vis de la verse, du plus au moins résistant : 

Blé Tendre d’Hiver > Triticale > Seigle > Orge d’Hiver  

Le fractionnement des apports d’azote limite le risque de verse physiologique, ainsi les apports en fin cycle, à dernière feuille étalée, n’augmentent pas le risque pour la verse.  

Réussir son semis du maïs

Préparer les semis de maïs, est une étape essentielle pour préserver tout le potentiel de la culture. 

La préparation des terres à maïs est une opération importante qui conditionne la réussite de la culture. Chaque pied de maïs contribue au rendement et la phase semis exige de respecter des étapes précises.
Il faut tout d’abord avoir une préparation de sol et de son lit de semence soignée, avec quelques mottes en surface pour limiter la battance, une terre fine et rappuyée sur les premiers centimètres pour favoriser le contact graine-terre. Bien sûr, le sol doit être parfaitement ressuyé et atteindre une température constante de 10°C.
Pour germer la graine a besoin d’humidité, d’oxygène et de chaleur, la profondeur optimale est de 4-5 cm. Si elle se trouve plus près de la surface le maïs sera exposé aux attaques d’oiseaux et d’une éventuelle période sèche. A l’inverse, trop profond la levée sera plus lente et moins régulière.  

La densité de semis devra être raisonnée en fonction du potentiel de la parcelle, de sa réserve utile en eau, de la destination (ensilage ou grain), du type de grain et de la précocité. (Voir tableau ci-contre) 

Avant tout cela et pour réussir toutes ces étapes, il faut bien vérifier l’état de son semoir ainsi que son réglage.
Pour cela, plusieurs points de contrôle ont été identifié :

Vérifier l’état des chaînes, courroies, roulement, pignons, aspiration, les pneus… qui pourraient avoir un impact direct sur la distribution des graines

Vérifier l’état des socs ou des disques qui assurent la formation du sillon où est positionné la graine, et qui assurent la régularité du semis 

Contrôler la distance de positionnement de l’engrais starter vis-à-vis de la ligne de semis, elle doit être de 5 cm, et mesurer le débit des fertiliseurs 

Pour les micro-granulateurs, vérifier les trémies, l’étanchéité des tuyaux, le réglage du débit, l’utilisation de diffuseurs pour les insecticides

Vérifier l’état des disques de distribution ainsi que le sélecteur pour éviter d’avoir plusieurs graines par trou sur le disque distributeur, à adapter selon le PMG de la semence

Pour terminer, il faut contrôler au champ la profondeur de semis, l’écartement entre les graines, la densité en comptant pour un semoir à écartement 75 cm le nombre de graines sur 13,33 mètres qui multiplié par 1000 vous donnera la densité semée. 

Désherbage de rattrapage des céréales, attention au délais avant récolte

Dans le cadre d’un désherbage de rattrapage au printemps, il faut s’assurer au préalable du délai avant récolte pour des interventions après le stade 2 nœuds de la céréale.  
Les solutions au-delà ce stade sont restreintes, il faut donc en tenir compte. La priorité au printemps doit être de cibler les adventices ayant une nuisibilité directe à ce stade-là. 
Les solutions au-delà ce stade sont restreintes, il faut donc en tenir compte. La priorité au printemps doit être de cibler les adventices ayant une nuisibilité directe à ce stade-là.
Concernant les dicotylédones, on ciblera les gaillets, les matricaires, le séneçon, le fumeterre, les coquelicots et les vivaces, rumex, chardons.
Concernant les graminées, on ciblera en priorité les folles avoines, car concernant les vulpins ou les ray-grass, ils sont déjà à des stades avancés au printemps et souvent résistants. Une intervention dans ce cas donnera des résultats très aléatoires

 

HERBICIDES ANTIDICOTYLEDONES UTILISABLES APRES 2 NŒUDS DES CEREALES 
HERBICIDES ANTIGRAMINEES UTILISABLES APRES 2 NŒUDS DES CEREALES 

Point fertilisation

Des apports valorisés à mi-mars.
Pour les céréales, d’épi 1 cm à dernière feuille, les besoins en azote sont les plus importants. Durant cette phase de montaison, la modulation intra-parcellaire peut encore contribuer à rattraper des zones creuses et à homogénéiser la culture à la récolte. Globalement, les apports de la première quinzaine de mars ont été valorisés par les 10/15 mm de pluie requis pour une bonne imprégnation dans le sol. A la faveur de forts reliquats et au vue de la météo de la campagne, le fractionnement semble être la meilleure stratégie –mais pas une garantie- pour atténuer le risque de verse. Parce que le dernier apport à la dernière feuille n’a aucun impact, il y a fort à parier qu’une grosse dose à épi 1 cm et un précédent riche en azote (colza, protéagineux, betterave) seront source de verse à la récolte.
La valeur alimentaire à la récolte se joue dès les épandages.
Que ce soit pour le maïs fourrage ou le maïs grain, il faut veiller à prendre certaines dispositions dès les épandages de printemps. Parce qu’il doit passer par une phase de transformation, le fumier doit être épandu et enfoui sur le mois de mars. Au-delà, il devient trop aléatoire d’imaginer qu’il réponde aux besoins de la plante à 10/12 feuilles. A l’inverse, les lisiers et fientes doivent se rapprocher de la date de semis. Cet azote au printemps fera la valeur alimentaire pour toute la campagne suivante en l’élevage. Sans prendre ces dispositions, seul un faible rendement pourra amener de la protéine aux silos.

Et si la disponibilité en eau était le facteur limitant .
La météo de la fin d’année 2021 et du début 2022 se démarque par un déficit hydrique de l’ordre de 30 à 40 % selon les territoires. Même si cela ne prédit pas une sécheresse, il serait prudent d’en tenir compte dans nos pratiques. Typiquement, une dérobée peut venir diminuer les disponibilités en eau du maïs. Vouloir réunir à la fois rendement et valeur alimentaire pour une culture d’aussi courte durée semble cette année encore plus illusoire. Le risque est au final de diluer sa valeur alimentaire dans un volume. Mais encore, plus sa date de récolte se décale et plus les disponibilités pour le maïs s’amenuisent. Ses besoins à la floraison –donc les composantes du futur rendement- risqueraient alors ne pas être couverts. Il faudra aussi surveiller les températures du sol pour déterminer le déclenchement des semis. Un déclenchement doit se raisonner dès que les 3 facteurs suivants sont réunis : 10 ° C le matin à 5 cm de profondeur, lit de semence frais mais ressuyé et lit de semence aéré. Tous les degrés emmagasinés en début de cycle aideront la plante à mieux supporter le stress hydrique à la floraison. La fertilisation doit être ajustée en conséquence. Un rattrapage en végétation (6-8 feuilles) sous forme de lisier donnera aussi de bons résultats en volume et en valeur s’il est enfoui rapidement.