La News du VÉGÉTAL#03
FÉVRIER 2022
Le désherbage céréales
Une intervention précoce pour préserver le potentiel.
Dans un contexte réglementaire (cours d’eau, parcelles drainées…), de résistances en hausse, de disparition de solutions, le désherbage des céréales peut devenir un véritable casse-tête.
Afin de préserver le rendement de la culture et optimiser l’efficacité des herbicides, il est essentiel de désherber avant ou en même temps que le 1er apport d’azote.
En effet, il faut profiter d’un créneau pour intervenir dans de bonnes conditions réunissant, portance des sols, faibles amplitudes thermiques, pas de gel suivant le traitement et un délai de 2 heures sans pluie.
C’est aussi lors du tallage et avant le redressement de la céréale que l’on peut encore intervenir avec les solutions de désherbage mécanique tels que la herse étrille ou roto-étrille et la houe rotative.
Le saviez-vous ?
Un désherbage réalisé après le 1er apport (plus de 2 semaines après) peut pénaliser le rendement de l’ordre 10 à 15 q/ha.
Vigilance aux résistances !
En Bretagne, nous rencontrons plusieurs adventices résistantes aux herbicides, les graminées (Ray-Grass, vulpins) à gérer dès l’automne et les dicotylédones (séneçons, matricaires et stellaires) qui peuvent se gérer dès la sortie de l’hiver avec les molécules adaptées.
A retenir :
Les herbicides sont le dernier levier d’une stratégie de désherbage et non l’inverse. Cette stratégie doit prendre en compte l’agronomie avec la rotation, le travail du sol, la gestion de l’interculture.
L’épandage d’engrais : focus réglage semoirs
Comment apporter la bonne dose d’engrais au bon endroit ?
Le 27 janvier dernier sur le secteur d’Yffiniac (22) a eu lieu une journée de réglage de semoir à engrais avec une vingtaine d’adhérents. Aux vues des cours sur les engrais (cf. article marché des engrais), le service Productions Végétales met en place des actions pour une bonne utilisation des matières premières : « la bonne dose au bon endroit ».
En partenariat avec notre partenaire Fertiline, une démonstration a été faite sur l’intérêt de bien régler son semoir à engrais en fonction du type d’engrais (et donc sa densité) pour épandre régulièrement. Les réglages ont aussi pu être effectués pour une dizaine d’agriculteurs venus avec leur propre épandeur.
N’hésitez pas regarder la vidéo de cette journée.
D’autre part, pour amener la bonne quantité d’engrais au bon endroit, notre nouvel outil d’aide à la fertilisation OAD propose des cartes d’épandages via satellites pour mettre épandre là où c’est nécessaire, tout en étant compatible avec les épandeurs équipés de la modulation.
Pour plus de renseignements, voir avec votre TPV ou votre magasin de proximité.
Point fertilisation
Les talles secondaires d’aujourd’hui seront les épillets à la récolte.
Parce que les conditions météo ont été jusqu’ici favorables, il faut se dire que fertiliser trop tôt est le risque de voir monter des talles qui ne seront que des épillets à la récolte.
L’enjeu du premier apport
Du 9 au 13 février 2021, la Bretagne a connu un fort passage neigeux, venant ponctuer un automne déjà riche de forte pluviométrie. Le premier apport au tallage n’était alors pas envisagé et pourtant l’état végétatif en parcelles peu drainantes aurait pu le permettre. Malgré ces éléments et à la faveur d’une bonne minéralisation de surface, nos blés ont pourtant offert un nombre suffisant d’épis à la récolte. Cette expérience 2021 est une parfaite illustration qu’un report du premier apport n’est pas synonyme de mauvais rendement. A défaut de bandes double densité, le nombre de talles doit être votre indicateur de déclenchement. Un moindre tallage justifiera d’un faible apport (40 u N maxi) et à l’inverse, un fort tallage (semis précoces en parcelles saines) devra patienter jusqu’à l’épi 1 cm. Le risque d’un apport trop précoce est de favoriser la progression de talles dites secondaires qui, telle une sangsue, vont se nourrir d’azote et d’eau pendant tout le cycle et n’offriront à la récolte que de maigres épillets plats, blancs et sans grains. Autant de disponibilités en moins pour ceux qui font le rendement.
De bons reliquats disponibles dans le sol
Au stade tallage, le système racinaire des céréales est déjà en mesure d’explorer le sol jusqu’à 1 m de profondeur pour se nourrir des reliquats présents dans le sol. A contrario des deux hivers précédents, il y a eu très peu de lessivage cet automne. Il est raisonnablement envisageable que 40 à 50 unités N sont à leur disposition pour couvrir les besoins du tallage. Seuls des résultats d’analyse de mesures de reliquats en sortie d’hiver pourraient nous convaincre du contraire. Il y a donc un vrai trésor de guerre à exploiter avant d’envisager un apport de minéral ou d’organique susceptible de faire monter des talles secondaires. L’organique peut alors être orienté sur des prairies qui ont atteint fin janvier les 200 °C cumulés depuis le 1er janvier requis pour un réveil végétatif synonyme de plus de rendement (+0,9 t MS) et de qualité alimentaire. Le minéral, à la vue de sa disponibilité et de son prix, a tout intérêt à patienter le stade épi 1 cm pour assurer son bon encadrement. N’hésitez pas à vous tourner vers vos techniciens pour vous accompagner dans vos choix et vos stratégies.
Quelle stratégie adopter ?
Dans la mesure où l’apport au tallage a été justifié, il faudra reporter cette dose pour un fractionnement en 2 passages pour ajuster ensuite l’apport à la dernière feuille. Veillez à ne pas systématiser les doses et reportez-vous à votre prévisionnel de fumure. L’objectif de rendement, le type de sol, le précédent, le devenir du précédent (pailles exportées ou enfouies broyées) sont autant d’éléments pris en compte pour déterminer les besoins de la céréale. La CEC mesurée dans vos analyses de terre vous indiquera aussi la capacité de vos sols à valoriser le volume apporté. Une petite CEC vous invitera à fractionner plus qu’une grande, parce qu’elle sera plus exposée au lessivage et donc à la perte de revenu. Il faut s’assurer d’un disponible de l’azote pour s’assurer de la montée de l’épi.
Plus que tout et dans tous les cas de figure, votre planification d’épandage devra intégrer une pluie de 10/15 mm dans les 10/15 jours au risque de voir autant d’unités se volatiliser.
Marché des engrais, des cours historiques
Situation inédite : une inflation des prix des engrais chimiques pour atteindre des prix jamais vus.
Pourquoi cette tension ?
Tout a commencé à la fin de l’été 2021 avec l’ascension des cours du pétrole et du gaz.
Courant octobre, les principaux pays producteurs d’engrais (les États-Unis, la Chine et la Russie) ont décidé de freiner la production devenue peu rentable tout en conservant un certain volume d’engrais pour leur propre production agricole tout en mettant en vente le surplus.
Durant l’automne, les prix ont continué à s’envoler avec l’effet des variations de la parité monétaire euro/dollar, ce qui a eu un impact majeur sur la fixation des prix des engrais et de l’énergie.
A noter qu’aujourd’hui, les 28 pays de l’Union Européenne représentent 9 % de la consommation d’engrais mondial alors que la France ne représente que 2 % de la production mondiale. L’Inde et la Chine sont, à ce jour, les deux premiers consommateurs mondiaux d’engrais. Leur impact est donc fort sur le marché mondial et leur position sur les achats maintient une pression forte sur les cours avec une crainte de pénurie.
Autre facteur inflationniste : le repositionnement et la concentration depuis plusieurs années des outils industriels dans des zones disposant de la matière première (en quantité importante et à bas coût d’exploitation). Le transport peut lui aussi devenir une contrainte avec la hausse des coûts de fret.
La demande mondiale en engrais reste forte alors que les capacités de production ne sont pas extensibles. Ces retards de production ne seront jamais rattrapés.
Les conséquences pour cette campagne 2021-2022 et la stratégie à adopter
L’engrais représente une part importante dans les charges opérationnelles des cultures d’une exploitation agricole.
Les achats précoces dans la campagne (avant septembre) ont permis de limiter les coûts. Pour les engrais azotés, le prix de l’unité d’azote est passé de 1€/U à près de 2,5€/U.
Dans tous les cas, il est donc nécessaire d’optimiser ces charges par des achats anticipés mais aussi par une bonne efficience de l’engrais utilisé :
- Meilleure forme d’azote sans pertes ;
- Pratiques recommandées pour éviter les pertes type lessivages ;
- Outils de pilotage (OAD) et de modulation.
Dans ce contexte compliqué de disponibilité et de prix, la coopérative Le Gouessant a incité à commander et recevoir précocement l’engrais pour limiter le prix d’achat et espérer pouvoir contenter tous ses adhérents.