La News du VÉGÉTAL#03
FÉVRIER 2022
Souvent considérée comme une céréale « secondaire », le seigle a pourtant plus d’un tour dans son sac. Cette céréale présente en effet plusieurs atouts agronomiques.
D’une part, il permet une diversification des assolements, ce qui est toujours un atout par rapport aux cycles des pathogènes, adventices et ravageurs. Même si c’est une céréale d’hiver, au même titre que le blé, l’orge et le triticale, et donc soumis aux mêmes bio agresseurs, les sensibilités sont variables. Le seigle est, par exemple, plus sensible à l’ergot, qui nécessite une surveillance particulière, mais moins sensible au piétin verse.
De plus, il a un fort pouvoir « étouffant » vis-à-vis des adventices, ce qui s’est révélé flagrant dans nos essais cette année : là où les micro-parcelles de blé étaient envahies de liseron à la récolte, les micro-parcelles de seigle étaient parfaitement propres. C’est un atout non négligeable pour la gestion des mauvaises herbes ! Et cela se répercute également par un taux plus faible d’impuretés dans le grain.
Sur cet essai, situé à Trebry (22), les rendements furent bien meilleurs en seigle qu’en blé, atteignant 81.6 q/ha en moyenne. Les meilleurs résultats ont été obtenus par les variétés de seigle hybrides. Ces résultats ne sont, bien sûr, pas extrapolables à toutes les situations, car en théorie le potentiel du blé est supérieur à celui du seigle. Mais c’est une illustration de l’intérêt que peut avoir cette culture, notamment pour valoriser les petites terres à faible potentiel. Le seigle est rustique et supporte bien les sols froids, acides, pauvres et superficiels. Il est par contre sensible à l’excès d’eau.
Notons d’autre part, son besoin en azote modéré. Là où le blé nécessite environ 3 unités par quintal, le seigle n’en a besoin que de 2,3. Ce qui représente une économie d’azote de plus de 20%.
Concernant les débouchés de la culture, il y a d’abord l’alimentation animale, notamment pour les bovins. En terme de qualité nutritionnelle, le seigle est cependant en retrait par rapport au blé. Notons toutefois, la production de paille particulièrement intéressante de cette céréale (8 à 10 t/ha contre 3 à 4 t/ha pour du blé) et de qualité supérieure à celle du blé. Cela nécessite d’ailleurs une vigilance sur le risque de verse.
Un autre débouché de niche potentiel est la meunerie. Le pain de seigle est bien apprécié pour les fêtes de fin d’année ! La consommation dans le pays, modérée le reste de l’année, augmente fortement à cette période. Pour accéder à ce débouché, la qualité du grain est importante. Il doit d’abord répondre à des critères sanitaires, notamment concernant la teneur en mycotoxines (dont les alcaloïdes de l’ergot). Les autres critères de qualité sont technologiques, lié au processus de la meunerie et aux caractéristiques attendues de la farine pour faire du bon pain (comportement de la farine lors de la confection de la pâte et de la cuisson). On peut ainsi nommer le taux de protéine, le poids spécifique du grain, et le temps de chute de Hagberg (une mesure spécifique de la viscosité de la pâte obtenue avec la farine du grain). Ce dernier critère se dégrade dès que le grain entame son processus de germination, il est donc impacté par des conditions climatiques pluvieuses en période de récolte. Certaines variétés seraient plus ou moins sensibles à ce phénomène, ce qui demande un peu de travail pour les caractériser.